C'était le soir, la lumière ambiante était légèrement jaunie par le coucher de soleil. Neils avait emmené Boo se promener, lui avait fait faire quelques exercices qui commençaient à être plutôt concluant. Après une longue promenade, il s'assit sur un banc du parc, et se pencha pour poser ses mains sur le crâne du petit chien et lui gratter les oreilles. Il commençait un peu à s'attacher à cette boule de poils, bizarrement, alors que cela semblait pourtant assez improbable au départ.
Il lui détacha sa laisse pour le laisser courir un peu à l'air libre - il n'en avait pas vraiment l'occasion, sur EP-2 - et le petit animal tourna plusieurs fois autour de lui-même comme pour attraper sa queue, avant de foncer comme un fou dans la roue d'un fauteuil roulant. Heureusement, il était loin d'avoir assez de force pour le renverser. Mais Neils se pinça le haut de l'arête du nez, exaspéré, en voyant ça. Ce bestiau était toujours aussi con, ça, ça ne changeait décidément pas.
Les enfants courraient dans le parc. Plus tôt, Jadran et Njall c’étaient mis à deux, avec leurs grands yeux, pour supplier Waverly, implorant une sortie comme si leur vie en dépendait. Elle avait cédé et les garçons avaient presque hurlé de joie, courant mettre leurs bottines.
La tutrice demeurait en retrait, jetant un coup d’œil aux enfants qui jouaient plus loin. Elle leva le ton, leur commandant de ne pas trop s’éloigner mais, dans leurs jeux et leur course effrénée, ils ne l’entendirent pas, ou décidèrent de l’ignorer parce que c’est pas drôle de pas courir loin. Waverly les voyait, ils étaient là bas, en train de se chamailler. Agrippant les roues de son fauteuil, elle se donna un élan pour les suivre et continuer à les surveiller. D’une minute à l’autre, elle s’en doutait, l’un des deux gamins reviendrait en chignant parce que l’autre l’aurait poussé rien qu’un peu trop fort.
Sa balade s’interrompit nette quand on vint percuter l’une des roues. La prise de ses doigts se raffermie et la tutrice se raidit sur son siège. Ça ne serait pas bien malin si elle devait renverser sur le côté. Waverly regarda autour d’elle et remarqua un adorable petit chien.
« Oh, mais que fais-tu là, toi ? »
Elle avait pris une petite voix, celle qu’on adoptait face à chaque petite chose. Elle se pencha et tendit la main pour caresser l’animal. Un sourire naquit sur ses lèvres. Qu’est-ce qu’elle aimait les chiots !
« Une chance que t’es pas plus gros, tu aurais pu me faire tomber, mon chou. »
Neils observa la personne avec curiosité, après s'être lentement levé, sans que l'inconnue ne s'aperçoive de sa présence. Il faut dire que Boo, comme à son habitude, accaparait toute l'attention. Il avait un certain succès auprès des jeunes comme des adultes, et dès qu'il le sortait, le chiot se faisait toujours de nouveaux amis bipèdes. Il avait un pouvoir d'attraction assez impressionnant, pour une bestiole pas plus haute que trois pommes.
Une main de métal s'abattit sur le crâne de l'animal qui essayait de monter sur le fauteuil roulant. Le genoux posé à terre, face à l'inconnue, Neils tira légèrement le chiot vers lui pour l'empêcher de grimper sur elle, en le tenant par le collier. Puis il leva les yeux vers la femme, lui lançant un regard plutôt inexpressif. Il ne l'avait jamais vue et ne la connaissait pas, mais il pouvait aisément deviner avec quel genre de handicap elle vivait.
« Désolé qu'il vous embête, il est très.. avenant. »
Si la tutrice passait son temps à cajoler les chiens de Gabrielle, ce petit chiot n’aurait pas droit à une exemption. L’animal tenta de grimper sur le fauteuil mais, gentiment –et probablement trop doucement, Waverly tentait de le repousser. En temps normal, elle ne disait pas non à quelques pattes, mais cette boule d’énergie aurait tôt fait de semer la pagaille. S’il était plus calme, elle l’aurait déjà pris sur ses genoux. Le maitre du chien apparut, entrainant la bête vers lui. Waverly se redressa, regardant à qui elle avait à faire.
« Ne vous inquiétez pas, Colonel, il ne m’embête pas du tout. »
Charmant sourire. Contrairement à lui, elle savait à qui elle était confrontée. La réputation de Neils Archer n’était plus à faire, mais ce n’était pas la tutrice qui allait trembler devant un tel phénomène. Waverly entendit des rires s’élever, elle jeta donc un œil maternel vers les deux enfants qui continuaient de s’amuser… de se chamailler.
« Votre chien est tout à fait adorable. Comment se nomme-t-il ? »
Accueil
