Personne n’aime la pluie. Non, sérieusement, personne. La pluie qui arrive sans crier gare, celle dont on ne pouvait absolument pas se douter de l’arrivée avec un ciel dégagé sur plusieurs kilomètres en début de journée. Malheureusement, les dégradations météo faisaient partis de ces phénomènes que redoutaient les pilotes de tous horizons. Et même en dehors de leur appareil, cela restait pour sur quelque chose de particulièrement désagréable. De quoi remettre en question toutes sortes d’activités, en plein air pour la plupart. Mais pourquoi est-ce si préoccupant ? En particulier pour Tomoka. En effet, la jeune femme n’avait rien de prévu. Aucune sortie à venir, donc l’état du ciel serait bien le dernier de ses soucis. Et comme à chaque fois qu’elle avait du temps libre, la salle de sport et la médiathèque étaient largement aptes à la garder au sec.

Mais, c’est sans compter sur le destin. Ou le hasard. Quoiqu’il en soit, les deux ont un bon sens de l’humour. Le genre d’humour qui ne faisaient rire qu’eux, mais tout de même. Celui où l’on rit du malheur des autres.

La grande épicerie. Parce qu’il faut bien que quelqu’un fasse les courses. Et quand on vit seul, ce quelqu’un devient vite évident. Le repas n’allait pas se faire tout seul. Quand bien même un avion pouvait de nos jours décoller et atterrir sans pilote à bord, la présence humaine était toujours nécessaire dans la plupart des cas pour produire quelque chose de digérable. Et là où ce magasin était intéressant, c’est sur l’importante quantité et diversité des produits disponibles. Il y en avait vraiment pour tout le monde. Non pas que Tomoka soit incapable de se satisfaire des aliments les plus basiques et communs. Elle le faisait même usuellement, puisque ses faibles compétences en cuisine l’empêchaient de se lancer dans un quelconque plat un minimum compliqué.

Ses sacs en main, la jeune femme s’apprêtait à franchir le seuil du portail coulissant du magasin pour prendre la route pluvieuse en direction de son logis. Comme tout le monde, elle se pressait un minimum afin de réduire au minimum le temps qu’elle passerait sous l’averse. Mais dans sa hâte, elle rencontra sur sa route un autre bonhomme tout aussi brusqué. Une rencontre quelque peu brutale, puisque les deux se rentrèrent tout simplement dedans. Tomoka fit de son mieux sur le coup pour ne pas relâcher ses deux sachets de course, notre autre individu apparemment ne fit pas autant d’efforts.

« Merde ! » S’exclama-t-elle, alors qu’elle se rendit compte que son visage ainsi qu’une bonne partie de ses habits venaient d’être recouverts d’une poudre blanche. Un bon gros sac de farine dont il venait de faire l’acquisition. Agacé, elle serra discrètement les dents. Malgré les excuses du gars, elle ne put retenir quelques pensées négatives à son sujet. M’enfin, elle se rendit vite compte qu’il n’était pas le seul fautif dans l’histoire, et qu’un peu plus d’attention de son côté aussi aurait suffi à éviter cet accident.

L’eau et la farine, voilà qui ne fait pas très beau ménage. La jeune femme trouva vite abri en retournant à l’intérieur de l’épicerie. Un peu piégée, désormais. Mieux valait attendre que la pluie ne cesse un peu. Et cacher son visage, aussi. Sa face toute blanche n’était pas vraiment à son goût et serait probablement source de moquerie pour quiconque l’apercevrait.