Les cours, les travaux à rendre et le fait d'être sur EP-2 avaient été des bons arguments pour débuter une guerre froide. Depuis que Ryan l'avait traité, en gros de plouc, le blond avait décidé de faire le mort. Non mais elle allait voir, s'il était un mec facile, à ramper après s'être fait descendre. En plus, il ne comprenait toujours pas pourquoi la mécanicienne s'était montrée aussi agressive avec lui. Sauf que trois mois, c'était long tout de même hein. Les dernières semaines, Mark commençait même à oublier pourquoi il faisait la tronche.
Ça voulait dire une chose : l'heure était à l'armistice. Toutefois, on parlait de Ryan. Revenir dans les bonnes grâces de sa compatriote, ça devait être compliqué. Alors le blond avait réfléchi longuement avant de se décider. Et le voilà qu'il se pointait un samedi après-midi à la pension. Tee-shirt blanc, bermuda noir et surtout, surtout, le détail qui finissait le tout. Un paquet dans les mains, Mark déambula dans les couloirs. Quelques élèves se retournèrent à son passage ou lui adressèrent des coups d'oeil bizarres.
Enfin ça, le blond s'en foutait ! Il toqua à la porte de la chambre. Il était là planté devant, fier avec son costume de phallus surmonté d'une moustache arnaché autour de ses hanches. Dans sa main gauche, se trouvait une petite boite verte.
Maintenant, à voir si sa tactique allait fonctionner.
Quand il s'agissait de faire la tête, Ryan était la championne. Elle pouvait rester des jours, des semaines sans vous adresser la parole, sans même vous jeter un regard. Vraiment, avoir une Ryan qui décide de vous ignorer, c'était vraiment quelque chose.
L'histoire avec Kevin avait duré quelques semaines, rien de bien concluant. Il était gentil, mais sans plus. Cela ne lui avait pas non plus permis d'oublier ce que Mark lui avait dit, puis contredit cette soirée-là. Alors elle avait fait tout pour oublier, se concentrant sur d'autres choses, n'allant pas sur Ep-2, lieu où elle ne pouvait que le croiser. Et finalement, ça ne lui manquait pas tant que ça.
Samedi après-midi, rien à faire. Ou plutôt trop occupée à dormir pour faire quelque chose. Ils avaient crapahuté toute la soirée et la nuit du vendredi, entre exercice pratique et réconfort autour d'un verre. Enroulée dans son drap, la mécanicienne profitait du moelleux de son matelas et de son oreiller.
Soudain, on toqua à la porte. La jeune fille laissa échapper un grognement avant de mettre son oreiller sur sa tête. Elle ne voulait pas ouvrir, la personne pourrait attendre un peu. Elle finit par se tirer du lit, non sans soupirer. Il y avait intérêt à ce que ça soit important, sinon le gêneur aurait de ses nouvelles.
Elle tourna la poignée de la porte et l'ouvrit, les yeux plissés, les cheveux en bataille, un débardeur et un boxer Superman en guise de pyjama. Pas des plus sexy en somme. Il lui fallut un petit temps avant de reconnaître celui qui venait de la réveiller. Celui qu'elle évitait depuis trois mois. Son regard bleu le jugea de haut en bas avant que son bras ne referme la porte.
Elle posa son front sur le métal et se surprit à sourire. Ses épaules se secouèrent et elle fut entraînée dans un rire silencieux. Il est tellement con. Il lui fallut quelques minutes pour reprendre son sérieux. Elle n'oubliait pas la soirée. Elle finit par rouvrir la porte, le laissant devant sa chambre.
• Qu'est-ce que tu veux ?
Le ton froid, indifférent. Elle lui en voulait toujours.
Miracle ! Elle avait fermé puis ouvert la porte ! Les possibilités de signer un armistice étaient passées de 0,1% à 0,9%. Ohoh presque royal. En tout cas, son caractère de cochon était encore en action. La réunion Ouest / Est promettait encore de belles heures de lutte. Et pour pourquoi faisait-elle encore la tête ? Y avait pas un bouton ''OFF'' chez les filles ? Avait-elle ses règles ? Le blond regarda la porte comme s'il s'agissait d'un check-point difficile à passer, genre Alpha. Et Ryan était l'Ossie. Hey hey, c'était pas jouer l'histoire dans le mauvais sens, là ? Mark fronça les sourcils et décida de revenir à un sujet plus... actuel. « - Bonjour, ça va ? Moi, ça va. J'avais juste un truc pour toi. »
Sauf qu'avant de lui donner la petite boite, le jeune homme retira son costume. Il tira sur le bas de son bermuda, trouva un moyen de caler les harnais contre une épaule puis tendit le présent avec ces deux mains.
« - Mh, c'est pas grand chose. »
Juste un cactus. Mais c'était mieux que de se pointer avec des fleurs ou une plante qui demandait de l'entretien. Comme être régulièrement arrosée. Le blond finit par détourner la tête, le visage légèrement penché, les cheveux dans les yeux.
Faire comme si de rien n'était, pas un mot d'excuse, rien. Juste demander comment elle allait. La jeune femme le toisa un long moment, se demandant s'il était réellement sérieux et s'il ne valait mieux pas qu'elle referme et verrouille sa porte.
Cependant, elle lui laissa encore un peu de temps, juste de quoi comprendre pourquoi il était là, et surtout pourquoi il portait cette chose autour des hanches. Chose qu'il retira pour lui tendre une boîte verte. La jeune Allemande hésita quelques secondes avant de s'emparer du présent et de l'ouvrir.
• Un cactus...
Son sourcil droit se haussa. Elle ne comprenait pas plus qu'avant. Peut-être à part qu'il méritait qu'elle lui mette dans la figure.
• Mon anniversaire est passé depuis longtemps... Donc c'est pour quoi ça ?
Son regard se posa ensuite sur le costume et son index le pointa.
« - Baaaah, des roses, c'est cliché et puis, tu as pas le temps de t'occuper d'un rosier miniature, non ? »
Bon il éludait encore un peu la question. Enfin les questions, plus exactement. Mark passa une main dans sa nuque. C'était bizarre ce sentiment d'avoir à dire quelque chose qu'il ne comprenait pas. Pourquoi c'était à lui de le faire, au fond ? Ryan avait-elle pas quelque chose à lui dire ? À part « Pauvre con. » évidemment. Ses joues se gonflèrent comme pour mieux garder la phrase qu'il s'apprêtait à formuler. Le blond resta une petite minute ainsi avant d'émettre un long râle d'agonie. Ça lui coûtait, mais il avait décidé de faire un effort. « - Ok, ok, c'était parce que j'étais désolé ! » Même si au fond, il ne savait pas vraiment pourquoi il devait l'être. Quel crime avait-il commis pour mériter un tel sort ? « Et mon costume, c'était pour te faire rire. Enfin essayer... »
S'il fallait se baser sur les paris perdus, Mark aurait été bien sage durant sa scolarité. Toutefois ce n'était pas le cas et il espérait bien laisser un record difficile à battre. Ce dernier s'avérait bien plus facile à établir que des réconciliations avec Ryan. Bon, c'est bon maintenant ? Je suis pardonné ?
Le cactus n'allait pas rester longtemps dans la main de Ryan si l'autre débile continuait sur sa lancée. Ignorer la question n'était pas vraiment la bonne solution avec la mécanicienne, il devait le savoir en plus de cela depuis le temps qu'ils se côtoyaient. Mais non, il préférait faire son téméraire - ou son fou à lier, à vous d'en juger. Pinçant les lèvres, l'Allemande espérait qu'il allait bientôt craquer à lui dire la véritable raison de sa venue ici, au quel cas elle serait forcée de lui claquer proprement la porte au visage.
Et finalement, le miracle eut lieu. Mark Schneider venait de s'excuser devant elle, avec des mots clairs et explicites. La brunette referma la boîte et la cala sous son bras pour applaudir lentement, en insistant bien. Elle savait que cela avait dû lui coûter de lui dire tout ça.
• Bah voilà, c'était pas compliqué à dire ! Il t'a fallu trois mois pour y parvenir ! Maintenant, tu es pardonné !
Aussi simple que cela ? Non, le sourire que Ryan affichait présentement était en totale contradiction avec ce qu'elle disait. C'était un sourire narquois et mesquin. Elle avait une idée en tête.
• Non, je déconne, il va en falloir un peu plus. Tu sais faire les massages ?
Aux applaudissements, il manqua de lever les bras comme un con mais l'expression de Ryan l'incita à ne pas crier victoire trop vite. Mais quelle sa-... Non mais faire une fausse joie comme ça ?! C'était pas humain ! Kévin avait dû vite le comprendre et il avait préféré prendre ses distances. Heureusement qu'il n'avait pas parlé de lui, tiens. Enfin tout ça ne lui disait pas pourquoi présenter des excuses avait amélioré sa situation. La seule chose qu'il comprenait, c'était qu'il s'agissait du meilleur choix à faire.
« -Tu me laisserais te masser ? »
Un de ses sourcils s'arqua. C'était louche. Suspect. Dangereux. Non parce que la mécanicienne l'autoriser à poser les mains sur elle... Sans même lui en coller une ? Impossible. Sa main aurait été à peine tendue que la brune l'aurait encastré dans le mur.
Dans le doute, Mark ne bougea pas d'un pouce. Elle pouvait très bien attendre qu'il avance pour lui ficher la porte dans la figure. Ou autre chose. Allez savoir.
« - Si tu me plaques pas contre ton lit ou que tu me fais pas une de tes prises... »
Il voulait bien payer de sa personne ! Enfin aider quoi.
Ryan leva les yeux au ciel. Il ne changerait donc jamais.
• Non, non, je te dis ça pour le plaisir de t'envoyer chier par la suite comme une grosse merde... A moins que tu sois vraiment trop nul à ça aussi ?
Elle passa une main dans sa longue chevelure. Elle devait penser à aller voir un coiffeur un jour. Mais là n'était pas la question pour le moment. Elle continuait de regarder son compatriote, l'air de lui demander ce qu'il attendait. Dans un sens, cela l'énervait qu'il pense qu'elle allait toujours être violente ou méchante avec lui. Peut-être devrait-il plutôt s'interroger sur le pourquoi de sa violence envers la blonde personne.
La condition de l'Allemand n'était pas pour calmer son irritation. Levant son visage vers le plafond, elle inspira profondément pour ne pas lui coller un pain sur-le-champ.
• Tu laisses tes mains sur l'endroit approprié et je ne tente rien contre toi, deal ?
En réalité, elle avait réellement des tensions dans les épaules et tout le dos. Ces derniers mois avaient été plus intenses et plus stressants. Les exercices en situation urgente étaient de plus en plus fréquents et de plus en plus éreintants, même pour les plus solides des mécanos. La brunette lâcha alors la porte pour retourner dans sa chambre. Passant une main sur sa nuque, elle sentait chacun des nerfs tendus. Si Mark refusait, elle irait faire les yeux doux à quelqu'un d'autre, ce n'était pas un souci.
Ne le voyant pas suivre le mouvement, la jeune Allemande appela.
• Tu vas rester longtemps planté comme un con avec ta bite peu représentative ?
On allait éviter de balancer un ''Baaaah'' super profond et intelligent. En plus, c'était carrément risqué pour le coup. Alors Mark n'avait pas bougé, pas parlé avant de lever les mains tel un être innocent, animé d'intentions pures. De toute façon, il n'avait pas pensé à peloter Ryan. C'était un peu gros de faire passer le dos, au niveau de la poitrine !
« - Ok ! »
Mais l'endroit approprié est large. Il avait le droit de le penser mais il avait surtout le droit de la boucler. Encore un peu hésitant, le blondinet regarda dans la chambre, sans oser entrer. Le doux appel s'éleva. Finalement, le jeune homme passa la porte, la referma doucement puis laissa tomber à terre le phallus en plastique. Heureusement qu'il n'avait croisé aucun instructeur, aujourd'hui. Ils se seraient encore posés des questions sur son cerveau.
« - Hey d'ailleurs, tu veux pas la garder ? Tu pourrais la filer à n'importe quel mec de l'armée de l'air, c'est juste super encombrant à transporter... » Il réfléchit. « Ou même pas à une de tes copines ! »
S'avançant vers le lit, il observa la table de nuit. Petit à petit, il faisait même presque comme chez lui. Soulevant des objets ici et là.
« - T'as pas un élastique ? Parce que je doute que t'aies envie de tester mes talents de coiffeur... »
Finalement, il était rentré dans sa chambre, fermant la porte derrière lui. Du coin de l'oeil, la mécanicienne fixait le pénis en plastique. Il était sérieux quand il lui demander si elle pouvait le garder ? Le connaissant, très certainement.
• Tu rêves, t'es venu avec, tu repars avec !
Personne n'en voudrait de toute façon dans son entourage. Ils lui riraient plutôt au nez en se demandant où elle avait bien pu trouver ça. Du bout du pied, elle poussa ses vêtements de la veille - et du matin - sous son bureau, histoire de faire un peu plus ordonné et moins bordélique. Mais elle savait très bien que c'était peine perdue.
Lorsqu'elle se tourna de nouveau vers Mark, ce dernier était en train de jouer les fouineurs. A croire qu'il était dans sa propre chambre.
• Ca va ? Tu veux un oreiller personnalisé aussi et ton nom sur ma porte ?
Il cherchait un élastique. L'Allemande se massa une nouvelle fois la nuque en soupirant. Son regard parcourut la pièce à la recherche de l'objet désiré. Elle écarta quelques feuilles et finit par tomber sur un élastique noir.
• C'est bon, j'ai ! Vu ta coupe, j'avais pas envie de tester tes talents de coiffeur.
Elle passa ses doigts dans le chouchou et tira dessus. Puis elle finit par s'attacher les cheveux avec. Car c'était sûrement ce qu'il voulait qu'elle fasse. Elle s'avança ensuite pour s'asseoir sur le lit, sur le côté, en tailleur. D'un regard, elle l'invita à se placer derrière elle pour commencer son travail. Elle n'allait pas s'allonger. Pas pour le moment en tout cas.
« - J'aurais bien dit oui, mais je sens que tu as pas envie de me faire ces cadeaux... » Il marqua une courte pause. « Mais sinon pour mon anniversaire, tu peux m'offrir un oreiller avec écrit ''I'm in fuego für dich !'' »
Ça coûtait rien d'essayer. Au pire, ils relanceraient la guerre froide. Peut-être même qu'ils établiraient un record de personnes qui se font la gueule. Passant une main dans ses cheveux, il se demanda ce que Ryan avait contre sa coupe. A défaut d'avoir des poils, il avait des épis. C'était comme ça et ça lui convenait parfaitement. Et puis Larbin 1er approcha de son objet de travail. Sur le lit, il s'installa en tailleur derrière la brune. Quel dos magnifique. Mais c'était pas en le regardant que quelque chose allait se passer. Pas la peine d'essayer un ''tu veux pas t'allonger ?'', non plus. Et puis zut pour la mise en huile.
« - Mais vous vous massez pas entre filles ? Ou c'est pour le plaisir d'asservir un homme ? »
Il ronchonnait mais s'exécutait quand même. Vu que la mécanicienne ne lui facilitait pas la vie, il se concentrait sur les épaules et le cou. Si la petite dame était pas contente, tant pis. Tout ça n'empêchait pas Mark de marmonner des phrases dans sa barbe invisible. Toutefois, il finit par se taire. Une boulette pouvait lui échapper à tout moment.
La jeune Allemande haussa les épaules. Elle n'était pas très douée pour retenir les dates de naissance de chacun. Elle savait juste que Mark était plus jeune qu'elle de quelques années. Mais si ça pouvait lui faire plaisir, peut-être qu'elle ferait l'effort de lui trouver ce qu'il souhaitait. Après tout, ce n'était pas un de ses trucs louches qu'elle avait pu voir sur son ordinateur la fois où elle avait fouiné.
Il commença son labeur. Le corps de la mécanicienne fut parcouru d'un frisson. Cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas touchée comme ça. Et puis il n'était pas si nul que ça. Ryan se laissa soupirer d'aise.
• Non, on ne se masse pas tant que ça entre filles, c'est plus marrant qu'un garçon le fasse. Et puis généralement, ils ne râlent pas comme toi !
Une petite remarque pour lui dire de cesser de faire le malheureux. A croire qu'elle était la fille la plus moche de l'univers et que c'était une corvée de la masser. Lentement, Ryan commença à fermer les yeux. Ces gestes la détendaient et elle se laissait un peu plus aller.
• Un peu plus à droite. Et si t'es sage, peut-être qu'on pourra aller plus loin.
Ronchonna-t-il. Avant de se mettre enfin au travail. Pendant ce temps, sa conception du monde féminin avait encore changé. Ou peut-être était-ce tout simplement quelque chose qui se situait à un autre niveau, bien plus, intime. Ouais, bon, des fantasmes. Larbin arrêta de chouiner et se concentra sur sa tâche. Un peu plus à droite que Ryan voulait. Trèèèès bien. Mais la fin lui fit hausser un sourcil.
« - Si ça peut te faire du bien, je suis tout dévoué.. »
Eh oui, Mark pouvait arrêter de râler et faire vraiment des efforts. Et puis, il était toujours sage. Enfin ses mains n'avaient pas pris leur indépendance pour le moment. Ryan allait devoir se concentrer pour trouver un geste déplacé !
Ryan hocha simplement la tête. De toute façon, elle allait très certainement encore oublier. Les dates d'anniversaire, ce n'était vraiment pas son fort. Elle se disait pourtant qu'elle devait trouver un système pour se les noter quelque part et que le jour de l'anniversaire, le système lui rappellerait discrètement.
Son dos se cambra lorsque Mark atteignit le point sensible. C'était agréable. Très agréable. Tant et si bien qu'elle y laissa un soupir. Elle gloussa aussi légèrement en l'entendant.
• Me tente pas, Schneider...
C'était facile de lui dire ça. C'était aussi plutôt dangereux. Il fallait rarement laisser des libertés à Ryan sous peine de la voir se les approprier dans la seconde pour ne jamais les lâcher.
• C'est chiant...
Et sans crier gare, elle retira son tee-shirt qu'elle posa en boule sur ses genoux. Les massages étaient toujours plus agréables peau contre peau, non ?
Bah oui, quand même. Au moins pour lui. Les autres, il s'en fichait. Malgré tout sa concentration restait intact. Avoir Ryan sur le dos, parce qu'il lui avait fait mal ? Non merci. Autant que le service soit impeccable au risque de se faire exploiter par la suite. Enfin, il le voulait bien aussi. Il n'allait pas se mettre brusquement en grève ou demander une revalorisation de son travail – ou de ses conditions de travail. Conditions qui furent d'un coup, bien facilitées. Comme quoi, la brune pouvait tomber le haut quand elle voulait.
« - Tu veux vraiment pas t'allonger ? C'est pas que j'insiste... »
Mais un peu quand même. Reprenant les massages, Mark fronça les sourcils en descendant légèrement. C'était plus haut ou plus à gauche ? Un faible soupir lui échappa. Ses yeux se plissèrent alors qu'il s'arrêtait un instant.
« - Hey, tu sais que t'as la peau douce ? »
On dirait pas, qu'il manqua d'ajouter, mais il réussit à se retenir par miracle. Sur cette joyeuse constatation, Larbin heureux reprit son travail.
La mécanicienne fronça les sourcils avant de tourner la tête vers Larbin. Depuis quand est-ce qu'il donnait les ordres ? Mais il n'avait pas forcément tort sur le coup. Ce serait sûrement plus pratique pour lui, mais aussi plus agréable pour elle. Un bon deal quand les deux partenaires sont satisfaits.
Mais avant qu'elle s'accède à son désir, Ryan fut de nouveau interrompue par Esclave qui fit une remarque débile.
• Oh merde, quelqu'un m'a joué un sale tour et m'a laissé une peau douce ! T'as de la chance, t'aurais pu tomber sur quelqu'un avec une peau pleine de pustules et toute tannée. Ca doit te changer de tes cougars.
Elle finit par s'allonger en grognant. La seule chose qui pouvait encore gêner Esclave, c'était son soutien-gorge qu'elle avait oublié d'enlever la veille en se couchant. Au point où elle en était de toute façon...
• Allez, journée bonté, tu peux dégraffer toi-même si ça te gêne.
« - Sois pas jalouse comme ça. Tu vois bien que je m'occupe de toi. »
Elles étaient pas si vieilles que ça, en plus ! Allez, maximum, 6 ans de plus que lui. C'était tout à fait raisonnable comme écart. Qu'est-ce que les femmes pouvaient être mauvaises entre elles, garces ! Elles se plaignaient des hommes, de leur comportement ou de leur paroles, mais franchement. Y avait pas pire qu'une femme en parlant d'une autre. Pour le reste, il ne se fit pas prier et dégraffa le soutien-gorge de Ryan sans problème. Le pourquoi de cette dextérité ne pouvant être révélée, c'était le résultat qui comptait. Au moins, il avait pas l'air débile à passer 20 minutes sur une pauvre pièce de lingerie.
« - Mais ça te gêne pas pour dormir ? »
Fallait croire que non, mais rien empêchait de s'informer. Se redressant légèrement, Mark observa le dos, se rappelant les zones qui avaient déclenché une réaction. De satisfaction ou non. Se remettant à la tâche, il baissa la tête. Quelques mèches blondes vinrent cacher son regard. Ses dents se serrèrent puis il lâcha un bref soupir.
Il n'avait pas fallu lui dire deux fois pour que Mark s'empare de l'accroche du soutien-gorge et la fasse sauter.
• Ah bah ça par contre...
Elle n'ajouta rien. Tout était expliqué dans le geste du concepteur. Un pouffement s'échappa de ses lèvres. Son ami était un pervers, mais un pervers habile.
• En général, j'en porte pas pour dormir, mais j'ai dû oublier de l'enlever en allant me coucher... c'est un peu flou. Mais sinon, c'est pas si gênant que ça, on y pense plus et puis c'est tout.
Et le massage recommença. La jeune mécanicienne commença doucement à se laisser aller, allant même jusqu'à sentir ses yeux se fermer lentement. Et puis Esclave ouvrit la bouche. Elle tourna la tête sur le côté et ouvrit un oeil pour l'observer.
• Désolée, je doute que les docs acceptent de faire une opération d'allongement du pénis. Mon pardon n'est-il pas déjà une immense récompense ?
Un peu flou, hein ? Un peu flou comme j'étais trop naze et je me suis couchée ? Un peu flou comme j'ai passé une soirée olé-olé ? Trop de sujets à creuser. Mais Esclave se tut, cette fois-ci. Enfin ça ne dura pas trop longtemps aussi. Vu la taille de la perche tendue, Mark ne pouvait pas la laisser passer. Ça aurait été honteux, indigne de sa personne.
« - Gourmande, je savais pas que tu aimais les gros engins. »
Le pardon, il l'avait balancé à la poubelle. C'était bien que la hache de guerre soit enfin enterrée mais il y avait plus drôle. Enfin Ryan avait de drôle d'idée quand même. Ses mains s'arrêtèrent dans le bas du dos de la mécanicienne.
« - .... Tu leur as demandé de faire grossir tes seins ? »
Non, la brune était pas comme ça. Tout était forcément naturel.
Ryan pouffa de rire. Elle avait retrouvé le Mark avec l'humour qu'elle lui connaissait et non ses phrases à double sens qui perturbaient l'esprit.
• Il y a toujours plus de matière avec les gros engins.
Elle soupira de nouveau. Elle ne pouvait pas le nier, Schneider avait des mains plutôt habiles. Finalement, il ne devait pas être si mauvais que cela, du moins avec ses doigts.
Soudain, elle se redressa complètement, la main sur sa poitrine pour maintenir le soutien-gorge en place. Sur son visage, de la stupéfaction mélangée à de la colère. Il avait vraiment osé poser cette question. Elle lui lança un regard des plus noirs.
• Tu veux toucher pour vérifier ?
Elle montra ses seins du nez pour appuyer ses dires.
« - Hm j'approuve. Tu sais de quoi tu parles, en plus. »
Parce qu'en matière d'obus, Ryan pouvait se poser là. Tout à coup, son travail fut interrompu par une brune en colère. Il aurait pu fermer sa grande gueule, mais en tout cas, sa réaction en disait long. Mark s'installa en tailleur et croisa les bras, en silence. Il n'avait fait que poser une simple question pour se renseigner, pas de quoi hurler. Puis son sourcil se haussa légèrement. Un Schneider se devait d'être méfiant mais un Schneider était aussi un intrépide de nature. Surtout quand la cause mammaire était impliquée. Quel côté allait gagner ? A ce stade-là, il n'en savait rien.
Toujours dans la même posture, il fixa Ryan. D'un coup, ses mains se posèrent sur ses genoux. Evidemment qu'il ne manquerait pour rien au monde, une occasion de s'envoler vers les Cieux tout en étant sur un petit nuage mais.
« - Fais pas la tête, tu vas ressembler aux cougars après. À moins que ce ne soit dans le but de me faire craquer ! »
Ryan soupira. Bien entendu qu'elle savait de quoi elle parlait. Elle n'était pas inculte en la matière.
Elle fixait son compatriote. Elle s'attendait déjà sa réponse, mais voulait juste le tester pour savoir s'il serait assez idiot pour confirmer ce qu'elle pensait. Et cela ne loupa pas. La mécanicienne laissa échapper un long soupir, se pinçant l'arrêt du nez de sa main libre. Ses yeux s'étaient clos un court instant, juste le temps qu'il continue de parler. Ses prunelles virent à nouveau le jour et elle lâcha son visage.
Lentement, elle s'approcha de Mark, déserrant peu à peu la pression de son bras sur sa poitrine.
• Oups... Je suis découverte...
Elle souriait, l'air victorieuse. Il avait le choix à présent.
Comme c'est ballot ! Tu vas avoir froid, hein. Tu veux que je te réchauffe ? Ces phrases lui traversèrent sa petite tête blonde à la vitesse d'un TGV. Mais entre y penser et le dire à Ryan, y avait une marge digne de la profondeur de la fosse des Mariannes. Enfin la brune devait lire dans ses pensées. Un petit sourire idiot aux lèvres, Mark ne bougea pas et ne grogna même pas. Oh, elle pouvait lui lancer un regard de tigresse.
« - T'inquiète, t'inquiète ! Je peux te masser là, si tu veux ! »
Un doigt pointa courageusement l'endroit en question.
Puis le blond éloigna sa main, tourna la tête et fit mine de fixer la porte. Ah, douce vie, douce agonie. Il était prêt à affronter sa peine.
Il n'allait quand même pas... Et si, il l'avait fait. Ryan resta cependant sans bouger, trop choquer pour esquisser le moindre mouvement pour le moment. Il avait osé. Elle n'aurait jamais pensé qu'il aurait pu le faire avec elle. La bouche entrouverte, elle l'observait.
Elle attendit qu'il retire sa main avant d'enfin commencer à réagir.
• Tu changeras jamais...
La gifle partit alors, sans prévenir. Elle n'y était pas allée de main morte et elle s'était retenue d'utiliser le poing. Elle attrapa ensuite l'Allemand par l'oreille et le força à la suivre, se levant brusquement de son lit. Elle l'entraîna jusqu'à la porte qu'elle ouvrit.
• Elle avait l'air de t'intéresser, cette porte, alors prends-la ! Tu pourras la tripoter sans retour.
Pas un au revoir, pas un à plus, juste une porte refermée violemment sur une Allemande en colère, une fois de plus.
Accueil
